« Impressionnant l’échauffement du footballeur argentin Oswaldo PIAZZA ! Seul dans le vestiaire, stimulant les uns après les autres tous ses muscles dans un travail gradué et réfléchi, progressant en intensité et en vitesse au fil des minutes et surtout ne touchant jamais au ballon » Alain PRIOUL. Quelques accélérations dans le couloir étroit où personne n’osait plus s’aventurer terminaient l’échauffement du joueur stéphanois avant qu’il n’emprunte le tunnel d’accès au terrain. Le gladiateur entrait dans l’arène. Le Docteur BLIN, le rédacteur d’Ouest France et moi-même étions des témoins privilégiés de cette façon qu’avait l’Argentin de s’échauffer seul et URBI plutôt que sur le terrain avec les verts de ROBY (HERBIN entraîneur stéphanois champion de France). Ce fût là mon premier contact avec le STRETCHING, ajoutez-y la stature imposante de l’Argentin, la rusticité des locaux et la lumière blafarde des vestiaires du stade Rennais, vous aviez HULK chez DICKENS nous soufflait Alain PRIOUL.
Pour être vrai il y avait déjà quelques athlètes amateurs qui s’étiraient. D’ailleurs que ce soit pour l’entraînement (intervall training), la diététique (les glucides lents ou la ration de récupération), la préparation physique (pliométrie, travail excentrique), à cette époque, les amateurs innovaient toujours avant les pros.
Mes premiers étirements dans les vestiaires du Rennes Étudiants Club m’attirèrent quelques quolibets, bien sûr ! « On charria gentiment la danseuse du Bolchoï » le « parangon du ballon rond » ou « le gardien aux doigts de cousette ». Heureusement, la troisième émule d’Oswaldo PIAZZA fût Jean Michel LARQUE. Les Verts et toute la France suivirent. Avant eux le footing servait d’échauffement. Il augmente la température du quadriceps mais celle des ischios peut baisser de 0,6°. L’échauffement pourrait fragiliser ainsi la face postérieure de la cuisse.
Nous sommes plus petits le soir (1 cm), et plus froid le matin (1 degré). Véritable ressort, le muscle est un amortisseur auquel il faut rendre son allongement. Chiens et chats s'étirent plusieurs fois par jour. "Nous sommes construits avec des matériaux identiques" J.P. De MONDENARD Kiné actualités 11 mai 2006 La règle de la non douleur s'applique au stretching. Cela veut dire accepter une tension tolérable qui diminue si on poursuit l'exercice avec la même intensité. Savoir sentir sur soi est donc indispensable. "tout part du cerveau, il faut libérer l'articulation avant de se jeter sur le muscle" Franck SCOTTE
Pas d'excès d'étirement chez les sprinters, "il faut garder une certaine raideur musculaire pour courir vite" Gilles COMETTI. Stillness plutôt que fitness ou wellness.
6800 sportifs français de haut niveau, quelques millions d'enfants, de vieillards et les morphotypes extrêmes éliminés, il reste 8 millions de chiens et chats et 40 millions de français pour qui les étirements sont utiles. Ils ramènent à la normale les muscles sur-programmés en chaîne fermée comme ceux du chat pelotonné sur lui-même qui se réveille.
"la perte d'élasticité et de longueur du muscle entraine toujours une désaxation des os sur lesquels il s'insère" M. PINTON
Etirons-nous avant l'effort: le frottement des différents éléments augmente la température intramusculaire. Les glissements réorientent les fibres améliorant le rendement mécanique. Etirons-nous après l'effort: la compression des masses musculaires entre elles ou contre l'os favorise la circulation lymphatique créant un effet de pompage. Drainage et 'creeping' éliminerait l'acide lactique.
MASTEROVOÏ et certains auteurs réfutent ces avantages: L'augmentation de température ne serait pas évidente. Le stretching ne donnerait pas plus d'amplitude à l'articulation déjà normale et une raideur musculaire est utile aux disciplines sportives explosives. Reconnaissons que les morphotypes sthéniques brévilignes ou des profils psychorigides sont moins réceptifs au 'sentir sur soi' du stretching mais vous ne ferez jamais revenir en arrière un sportif qui a aimé, senti, adopté et adapté le stretching à sa préparation "Sans mes étirements c'est deux dixièmes d'écart" me confiait Arnaud TOURNANT aux championnats de France à Hyères le 06/07/08 dans une discipline, le cyclisme sur piste, où les écarts se chiffrent en millièmes de seconde. Le même jour Sport Dimanche titrait" le seigneur TOURNANT c'est 14 titres de champion du monde et 3 médailles olympiques"
Jean claude GUIMBERTEAU : avec lui 'promenons-nous sous la peau' où un chaos de fibres collagènes met en continuité muscles, fascias, derme et peau. Cette trame de vacuoles lubrifiantes répartit la tension des structures et permet le glissement des tissus. Réveillez-vous ! étirez-vous ! S'étirer c’est sentir sur soi. Courez un peu. Laissez les pingouins s'échauffer près du banc de touche perchés sur un vélo, une aléoutienne parka sur les épaules. OK les étirements ne sont pas indispensables chez les jeunes. Un centre de formation doit cependant être un centre d'information. Pour éviter la casse le stretching est efficace. Chez un sportif capable de 'sentir sur soi' si bien exécuté le premier étirement est le plus utile, sa répétition modifiera peu la nouvelle amplitude.
Les précurseurs du stretching s’appellent ANDERSON aux USA et SOLVEBORN en Suède. En France, mon maître incontesté reste Jean-Pierre MOREAU. Il développa une méthode qui reprend les techniques précédentes en insistant sur la respiration comme l'avait fait Pilates qui, lui même copiait DELSARTE. Très professionnelle, la cassette de Rodolphe DESLANDES est complète et la fréquentation d'un cours initiatique s'avère toujours plus efficace que la lecture d'un article.
En vieillissant nos muscles se rétractent et nous ramènent grabataires, à la position fœtale. Un étirement prévient et lutte contre les rétractions. « Si certains vous font croire de 7 à 97 ans que le stretching est la panacée, ils ont tort ; on peut très bien s’en passer. On sera plus souvent blessé » J.P. MOREAU (Arnac Pompadour, congrès S.F.K.S, 1980)
nb: J.P.Moreau était l'ostéo Kiné du sport d'Alain PROST champion du monde de formule 1
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