Simuler le geste peut-il être une stimulation motrice ?
Observer un geste peut-il renforcer les muscles concernés ?
Imaginer l’action est-ce déjà une stimulation motrice ?
Imager le geste peut-il l’engrammer dans le cervelet ?
Le geste vu résonne-t-il dans le cervelet de l’observateur ? L’œil peut-il allumer les synapses du neurone moteur avec un miroir ?
Innovons les séances de musculation. Nous pouvons faire de la gymnastique sans bouger. Les premiers chercheurs s’appellent Decety, Sirigu, Rizzollatti, Ramachandran, Jack Tsao, Alain Berthoz, Jean Pierre Roll, J.M. Ougourlian, P. Bustany, A.L. Roy et Isabelle Bonan: « on peut créer un message proche du mouvement naturel avec un leurre sensoriel »
- En Belgique, B. STEVENS encourage le travail musculaire imaginaire.
- A Montréal, J. DOYON entraîne mentalement ses patients la jambe dans le plâtre pour raccourcir le délai de récupération. Il met au point un programme de rééducation par la pensée pour les paralysés.
- Tennisman droitier Shane BARR est revenu gaucher quatre ans
après un grave accident « je frappai la balle mentalement dix minutes
tous les soirs » -
Pour un gymnaste on lui demande d’imaginer son mouvement sur une poutre fictive
ou sur une ‘slack line’ à des hauteurs imaginaires.
- Un autre exemple rapporté par le Dr Edouard Collot Europe 1 Nov 2005 : 2 groupes de coureurs à pied s’entraînent ensemble. Entre chaque séance on demande au deuxième groupe d’imaginer qu’il court encore. Le deuxième groupe progresse plus vite !
- Clinic Foundation Cleveland : Concentrez-vous ; imaginez que votre petit doigt repousse un objet lourd. Le sujet ne doit pas accompagner sa pensée d’un mouvement des doigts. L’encéphalogramme enregistre votre activité mentale. Pour le vérifier. 24 volontaires l’ont fait pendant 3 mois pour constater un gain de 10 % du biceps et 30 % du petit doigt ! Isométrique, vasculaire sans fatigue ni contractures est-ce déjà du gainage ?
- Claire CALMELS évoque le geste pour entretenir le muscle : son judoka blessé assis et les yeux fermés imagine les trois phases (A- B- C) d’une prise. Elle peut les lui annoncer dans un ordre aléatoire C- A- B , A-C-B…
- Pr. Pascal GIRAUX CHU St Etienne : « Visualiser un mouvement sollicite les aires cérébrales atteintes. Chaque visionnage qui simule l'action stimule un mécanisme réflexe»
- Après entorse du genou comment tromper le cerveau devant la glace ? Il suffit de lui cacher la jambe blessée. En travaillant sur sa bonne jambe il sera troublé par l’inversion de l’image renvoyée par le miroir. L’amélioration motrice est-elle musculaire ou neuronale ? Agissons-nous sur la force ou la coordination ? Est-ce musculation ou proprioception ?
- Pour rééduquer une main inerte, placez la devant un miroir et imaginez son mouvement. De cette façon vous pouvez créer une ‘imagerie motrice’.
- à Rennes clinique St Hélier, la Dr. Anne-Laure ROY propose cette stimulation comme technologie innovante basée sur la thérapie miroir. Solution originale qui veut dire : j’y pense donc je
muscle «La force dépend de l’intensité du signal cérébral» Guang YUE Ouest France du 02/12/22
Est-ce
stimuler que simuler ? On peut le
vérifier avec un casque encéphalique. Le fleurettiste pense-t-il à son geste ou
à sa copine ? Le
cliché allume-t-il la zone médiane motrice ou la pariétale émotive ? Neurofeedback est un miroir tendu à l'activité cérébrale. A Rennes Université l'équipe EMPENN montre au patient ce qui se passe dans son cerveau Branché et casqué on lui demande d'imaginer un geste de la main. «un signal électrique est émis quand la zone qui commande la main s'active. Neurofeedback est un peu la kiné du cerveau» Pierre MAUREL Ouest France le 15/01/2023
« Capable d’accélérer le rythme cardiaque et la circulation l’imagerie mentale améliore la coordination. Elle mémorise le geste sans risque de casse» Christian COLLET (neurophysiologiste au Centre de Recherche et d’Innovation dans le Sport).
Les neurones miroirs rendent possible le travail imaginaire. Un neurone miroir ne s’active pas si on fait le geste, mais lorsqu’on regarde ce geste fait par un tiers. « le voir stimule régénération neuronale et plasticité cérébrale » Dr. A.L. ROY. Être doué pour le sport exige cette aptitude cognitive. A tout âge on peut créer un reflet dans la tête du sujet.
- GURFINKEL à la station orbitale MIR à MOSCOU : « La planification d’un mouvement est déterminée par la représentation mentale de la position du corps dans l’espace et non par sa position réelle »
1er exemple : si on vibre la nuque, le sujet perçoit un mouvement illusoire de la tête, pourtant immobile.
2ème exemple : assis dans un fauteuil, les yeux fermés vous tournez la tête à droite, tenez huit minutes et vous aurez l’illusion que la tête est revenue droit devant vous. Cette illusion est confirmée par l’activité des muscles du membre inférieur, qui suivent la position illusoire de la tête.
DECETY demande au sujet qui marche de s’arrêter pour imaginer son récent déplacement. Celui effectué et celui rêvé ont ils la même durée ?
Avant d’exécuter un geste sportif, il est bon de le visualiser en temps réel.
Cette isochronie est utilisée par les entraîneurs.
En remontant au départ, Herman MAIER effectue virtuellement son prochain slalom les yeux fermés. « I will be back » Herminator.
Avant le départ Ronnie Petterson refait mentalement les 22 kilomètres du circuit du Nurburgring à la seconde près (Sport et Vie n°117).
Rappelons la plasticité cérébrale de l’aveugle dont la région éteinte reste disponible pour améliorer les autres fonctions, tact, audition, odorat … Rappelons que le corps de l’aveugle s’arrête au bout de sa canne blanche.
Autres pouvoirs de l’imagination une image métaphorique peut aider à cicatriser une blessure. Essayez d’imaginer un globule blanc attaquer la zone rouge de votre tendon enflammé et le nettoyer au karcher ! Pourquoi ne pas visualiser votre sang arrêtant une armée ennemie ?
Autre image métaphorique pour cicatriser vos plaies. Avant de vous endormir le soir : « Imaginez votre animal de compagnie appliquant doucement un onguent sur votre blessure » … et vous vous endormez !
Les illusions sensorielles sont possibles. « Les organes des sens ont une énorme propension à saisir la moindre occasion pour nous faire prendre les vessies pour des lanternes » J.L. SAFIN.
Les pilotes de chasse le savent bien. Un gilet muni de capteurs leur permet de rester « équilibrés » à la sortie des loopings.
Faut-il simuler une attitude pour stimuler une aptitude? Circuits pré-câblés avec une image motrice les sportifs les plus doués reproduisent mieux que les autres un geste nouveau. Soyez inventifs. Nous sommes tous pourvus de neurones miroirs. Créez des situations inédites. Faites chaque jour un geste qui vous parait nouveau. Quelle est la dernière fois où vous avez fait un geste pour la première fois? "L'absence de petits dangers quotidiens ou d'imprévus sont de vrais risques" F. SALDMANN et rappelez-vous que : « le fonctionnement de la plupart de nos organes moteurs porte l’empreinte de nos émotions » J.P. ROLL
« je rêve d’un sport uniquement destiné à explorer nos gestes pour le plaisir du jeu » Fabienne JUCHAT (l’aventure du corps). Elle propose de faire évoluer le corps dans une dimension inconnue pour le voir réagir. Créez des situations inédites, des déséquilibres nouveaux. Soyez vigilants mais inventifs. Nous sommes tous pourvus de neurones miroirs.
« Explorer un geste pour le plaisir ? si vous pensez que l’aventure est dangereuse essayez la routine ; elle est mortelle ! » Paulo COELHO
« Le sport n’est pas une question de performance mais un dialogue avec cervelet, chair, os, organes, cavités. Singulière alchimie qui nous tient debout. Une passerelle pour relier ce tout si parfaitement imparfait qu’on appelle homme » Marie ROBERT
Dans ce livre j’ai écrit 12 fois ‘variez vos gestes’ pour 14 fois ‘routine’ et celle des 'runneurs coureurs' m’inquiète. Au marathon de Paris ils sont 36 000 au départ pour 36 000 foulées gourmandes en tendons et cartilage. Combien de chocs d’impacts seront amortis ? Combien de foulées disgracieuses ? Combien de dissymétriques ? Combien d’organismes où l’arthrose fait son nid malgré des semelles en sorbothane ? Ceux à encourager sont faciles à reconnaitre, parfois déguisés ils courent en s’amusant. Tortues, ils lambinent et sourient là où les lièvres grimaçaient.
36 000 foulées provoquent 36 000 chocs là où çà fait mal ( lombaires, hanches et genoux). Parmi les concurrents dites-le aux cons courant. Dites leurs que sous les ponts de Paris la Seine est proche, que la France a 36 000 Km de côtes pour 36 000 plages, 36 000 lacs et que la mer est souvent «dans le dos des boulistes quand ils sont à la plage» Olivier KERSAUSON
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